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Telegram face aux pressions françaises et européennes

21 Avr 2025

Apple

Telegram face aux pressions françaises et européennes : Pavel Durov refuse de céder

Dans un contexte de surveillance numérique de plus en plus renforcée en Europe, Pavel Durov, fondateur de Telegram, s’oppose fermement aux initiatives législatives visant à affaiblir le chiffrement des communications privées. Face aux demandes des gouvernements, notamment en France, de faciliter l’accès aux messages des utilisateurs via des portes dérobées, il réaffirme sa position : Telegram quittera tout marché plutôt que de compromettre la sécurité de ses échanges.

Une bataille autour du chiffrement des communications

Les autorités françaises et européennes cherchent depuis plusieurs années à imposer des mesures permettant un accès légal aux données chiffrées. En France, une tentative récente d’autoriser l’accès caché aux messages privés a été rejetée, mais l’Union européenne poursuit sa démarche avec le projet ProtectEU. Ce programme, prévu pour 2026, vise à développer des outils permettant aux forces de l’ordre de surveiller les échanges chiffrés sous couvert de cybersécurité.

Ces initiatives sont vivement critiquées par les défenseurs des libertés numériques. Aura Salla, députée européenne, a dénoncé un projet qui « sape fondamentalement les principes mêmes que ProtectEU prétend défendre ». Pavel Durov, de son côté, prévient des dangers d’un tel système : « Il est techniquement impossible de créer une porte dérobée qui ne puisse pas être exploitée par des hackers ou des gouvernements étrangers ».

Selon lui, affaiblir le chiffrement mettrait tous les utilisateurs en danger et créerait une vulnérabilité majeure dans la sécurité numérique globale.

Telegram, un bastion de confidentialité

Depuis sa création, Telegram s’est positionné comme un fervent défenseur de la confidentialité des échanges en ligne. Contrairement à d’autres entreprises du secteur technologique, la plateforme refuse catégoriquement de transmettre le contenu des messages privés, quelles que soient les pressions exercées par les gouvernements.

Conformément au Digital Services Act européen, Telegram accepte de fournir certaines informations limitées, telles que les adresses IP et les numéros de téléphone de suspects identifiés par la justice, mais jamais le contenu des échanges. Cette politique de protection des données fait de Telegram l’un des services de messagerie les plus sécurisés, mais lui vaut également des tensions croissantes avec les régulateurs.

Des implications judiciaires pour Pavel Durov

La résistance de Telegram face aux demandes des gouvernements n’est pas sans conséquences. En France, Durov fait l’objet de poursuites judiciaires l’accusant d’avoir permis l’utilisation de Telegram dans des transactions illicites. Il encourt une peine allant jusqu’à dix ans de prison et une amende de 550 000 dollars.

Cette affaire pourrait être perçue comme une tentative de pression visant à affaiblir sa position sur le chiffrement des communications. Pour ses partisans, il s’agit avant tout d’une bataille politique où la protection de la vie privée se heurte aux impératifs sécuritaires défendus par les États.

Telegram aurait pourtant commencé à changer de stratégie

Historiquement rétif aux réquisitions judiciaires, au point de s’être attiré les foudres de la justice française, Telegram aurait pourtant commencé à changer de stratégie juste après l’interpellation en France, samedi 24 août, de son sulfureux patron, Pavel Dourov. Selon nos informations, la plateforme de messagerie a en effet donné suite à des demandes formulées par l’Office mineurs (Ofmin) de la police nationale et la gendarmerie dans plusieurs enquêtes pénales, en livrant des éléments susceptibles d’identifier certains suspects.

Des dossiers de pédocriminalité, notamment, sont concernés. Un changement de pied perceptible dès la garde à vue de Dourov. «La porte s’ouvre vraiment», avait confirmé à Libération Johanna Brousse, cheffe de la section «J3» – dédiée à la cybercriminalité – de la juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco) du parquet de Paris.

Un combat pour les libertés fondamentales

Pour Pavel Durov, la question du chiffrement dépasse largement la simple sécurité des données. Il considère cette technologie comme un droit fondamental et appelle les citoyens à défendre leur liberté numérique. « Aucun pays n’est à l’abri de l’érosion progressive des libertés. Chaque jour, elles sont attaquées, et chaque jour, nous devons les défendre », affirme-t-il.

Telegram se retrouve ainsi au cœur d’un débat plus vaste sur l’équilibre entre vie privée et sécurité. Alors que certains pays cherchent à surveiller plus efficacement les communications, d’autres, à l’image de Durov et des défenseurs des droits numériques, s’opposent à ce qu’ils perçoivent comme une dérive inquiétante vers une société où la confidentialité des échanges ne serait plus garantie.